PhiloCité | Philosopher en milieu carcéral
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Publié par Philocité dans Non classé

Philosopher en milieu carcéral

Projet « Passeurs de Philo ». Autour du juste et de l’injuste

Depuis janvier 2014, PhiloCité participe, avec l’asbl Rougir, au projet « Passeurs de Philo » initié par l’asbl ALAMD.

L’ALAMD souhaite par le biais de différents projets, sensibiliser les citoyens à la problématique carcérale actuelle. Les détenus n’ont que très peu l’occasion de faire part de leurs réflexions et questionnements à la société. Ils ne sont pas perçus comme des interlocuteurs possibles et/ou intéressants. Les stéréotypes dominent l’image qu’a la société des personnes détenues. Aucun dialogue n’existe entre le citoyen détenu et le citoyen libre.

La pratique philosophique dans notre société (et a fortiori dans nos prisons) n’est que peu ou pas utilisée or elle permet de mettre en dialogue des citoyens et de leur redonner des outils de compréhension critique du monde.

La finalité de ce projet est donc qu’avec pour auxiliaire l’apprentissage du raisonnement philosophique, les participants soient perçus par la société comme des citoyens à part entière, temporairement privés de liberté. Citoyens qui ont des questionnements et des opinions valables et utiles pour la collectivité. Un dialogue s’instaure avec la société par-delà les murs. Le projet contribue à nourrir la réflexion pouvant apporter des avancées positives en vue d’une réinsertion dans la société…

Le projet met en dialogue quatre groupes :

– Des détenus de la maison de peine de Lantin

– Des jeunes d’IPPJ

– Grand public (élèves du secondaire, associatif, etc.)

– Des professionnels de la Justice (agents, magistrats, directeurs, avocats, étudiants, etc.)

Par un travail philosophique de distanciation et de dépassement de ses présupposés, les groupes de participants entrent dans un dialogue ouvert et sans a priori par le biais d’une réalisation filmée permettant de retracer et de transmettre la réflexion d’un groupe à l’autre. Un dialogue intérieur/extérieur s’amorce pour une meilleure compréhension réciproque. Les participants modifient l’image qu’ils peuvent avoir des autres groupes participants. Les participants détenus récupèrent une voix dans l’espace public, ils peuvent être entendus par des personnes auxquelles ils n’ont normalement pas accès, celles-ci leur offrent en réponse leur point de vue sur leur questionnement. Le débat s’ouvre à la société en général.

Les ateliers sont suivis par une réalisatrice qui a pour objectif de capter au mieux le cheminement de la pensée au sein du groupe pour en restituer l’essentiel sous forme d’une petite capsule filmée. La capsule issue des ateliers réalisés avec les détenus servira de point de départ à la réflexion des autres groupes. Le film est le vecteur de synthèse et de transmission de la pensée entre les différents groupes de participants. Pour chaque groupe « libre », il y aura réalisation d’une capsule qui reviendra vers les participants détenus.

Une soirée de clôture sera organisée à l’automne 2014 pour permettre aux participants des différents groupes de visionner l’éventuel retour des participants détenus à leur lettre filmée mais aussi de donner la possibilité aux participants libres se retrouver pour échanger leurs expériences, notamment au travers de la vision des toutes les lettres filmées (ou d’un montage de celles-ci). Ce sera aussi l’occasion de présenter le dispositif à un large public et d’ouvrir la discussion sur le dialogue philosophique et citoyen par-delà les murs (sociologiques, professionnels,… ou de béton) et de sensibiliser le plus large public possible à l’intérêt d’une réflexion citoyenne sur le juste et l’injuste et par là, indirectement, sur le système carcéral.

Contact : denis.pieret[at]philocite.eu